Il nous fait rarement rire sauf, par exemple, lorsqu’il décrit l’un de ses amis qui "adore Proust, bien entendu, et ne le finit pas afin d’avoir encore du Proust à lire" (p. 200). A la lecture de ce très long texte de presque 1 400 pages pour le seul premier tome, passages en romain et passages en italiques mêlés, le lecteur est frappé, peut-être même fasciné, par le travail d’auto-censure réalisé par Julien Green. On a dit que Gide avait commencé à douter de l’URSS lorsqu’il avait compris que les homosexuels y étaient persécutés ; et Green nous confirme ce point en nous livrant des informations essentielles sur les aventures homosexuelles de Gide et Herbart en URSS (p. 1074, p. 1120). Je pense aux années pendant lesquelles j’ai si ardemment, si cruellement désiré Lifar" (p. 880). La montgolfière André Gide ne se prenait pas, elle non plus, pour un confetti ; l’Immortel François Mauriac ou le Saint Jacques Maritain se croyaient, eux aussi, et grâce à Dieu, supérieurs au commun des mortels. Mais le trou du cul qui est au centre même de l’être en est la partie la plus secrète et qui l’a, qui le suce, peut se flatter vraiment de posséder un être" (p. 215). L'éditeur interjette appel, et obtient cette fois gain de cause. Dès 1929, Gide incite Green à le faire et ce dernier rechigne : "Le moment est excellent [me dit Gide]. Comme la plupart des écrivains chrétiens de son temps, Mauriac est un tire-laine, il vole pour le compte de l’Église" (p. 221). Green s’émeut par exemple, en 1926, que son nom puisse apparaître en dessous de celui de Gide sur une couverture de la revue de la NRF : "Je reconnais là la cautèle de Gallimard qui me flatte pour mieux m’égorger" (p. 84). Ce même Martin du Gard a poursuivi Robert, qu’il ne connaît pas [pour le draguer]. Plus loin, Green écrit après une conversation avec Mauriac : "Tout ce qui sort de cette bouche est poison" (p. 175). Claudel qui s’était converti en lisant Rimbaud et Joseph Ratzinger, qui avait appris le français pour lire Claudel dans l’original, plaçaient la chasteté au-dessus de tout. Julien Green, écrivain ayant la passion du voyage, a toujours déclaré sa profonde attraction non seulement pour le Sud américain auquel il appartient par ses origines, mais pour tous les Suds du monde. Commenter J’apprécie 50 2 Green lit Verlaine et surtout Baudelaire mais il passe, dans son journal, complètement à côté de Rimbaud, contrairement aux écrivains homosexuels de son époque : Aragon, Gide, Cocteau, Mauriac, et, pour une part, Maritain. Julien Green d’ailleurs le pressent dans son livre : "Les cahiers gris [de ce journal] courent un assez grand danger, mais j’aurais grand tort de les détruire, car ils présentent une expérience de la vie que bien des êtres n’ont pas connue. Elle est intitulée de manière opportune "les années faciles" et cette facilité concerne presque exclusivement la masturbation obsessionnelle de Julien Green, ses ébats sexuels avec des centaines de mâles inconnus, les jeunes adolescents qu’il suit dans la rue, les marins qu’il tripote dans les pissotières, le recours sans honte aux prostitués et, pour une part, l’apologie de la pédophilie. Ils contiennent aussi de nombreux renseignements qu’on ne trouvera sans doute pas ailleurs sur la vie littéraire ; sur Gide, par exemple, il y a la matière d’un livre entier" (p. 883). Un anthologie bloquée en 1999 Aussi, à l'été 1997, quand Julien Green envoie deux lettres recommandées chez Fayard pour dénoncer tous ses contrats d'édition et récuser son « agent général », Durand et Bétourné tombent de haut. Règle qu’il bafoue quelques jours après. Les trois hommes ironisent sur les petites manies efféminées de Maritain et lorsqu’un jeune homme se présente à Green, en voulant écrire un livre sur l’homosexualité, il se propose de l’envoyer à Maritain : "Que ne l’envoie-t-on pas à Maritain !" Car la prostitution et la pédophilie sont présentes dans le journal, souvent valorisées ou du moins tolérées. Certains avaient bien deviné des errements de saison, que l’auteur dissimulait subtilement dans ses romans à clés, mais nul n’avait anticipé l’ampleur de cette vie située presque exclusivement "en enfer". A une autre occasion, au début de leur amitié, Green écrit aussi à propos de Maritain : "Bon et pieux, mais pas du tout une âme selon mon cœur. Estang, romancier, poète, juré du prix Renaudot, était un membre influent du comité de lecture de la maison de la rue Jacob, où il incarnait la ligne « chrétienne progressiste ». Certes, il ne s'agit que du tome 1 d'un Journal fleuve, qui comprend déjà tout de même 1300 pages représentant une période qui va de l'âge de dix-neuf à quarante-ans. N’est-il pas, pourtant en public, un homophobe vicieux et intolérant ? 15 novembre 1928, tome IV, op. D’autres fois, Gide et Green font des allusions aux équivoques de Maritain, et plus explicitement à sa pente homophile. Algérie, les ineffables mémoires (1/4) : Guerre d'Algérie : mais qu’a donc fait papa dans cette galère ? Le délai semble respecté pour ce premier tome qui concerne les années 1919 à 1940 – même s’il aurait pu être publié depuis au moins 1990… (Les trois tomes suivants, qui nous révèleront d’autres secrets, sont annoncés à partir de 2021). Adrienne Mesurat (Paris, Plon, 1927) , traduction anglaise : Adrienne Mesurat, tr. Car Julien Green conserve les préjugés du "Deep South" de son enfance. En public, Green parle comme un prélat ; en privé comme un acteur porno ! On connaît la formule classique de Claudel : "L’œuvre de Dieu dans une telle âme n’en est que plus admirable". Pour beaucoup de Français qui allaient encore assidument à la messe chaque dimanche, et parfois aux vêpres, il était une boussole, un repère. Dixie (2 tomes) Julien Green Poids total : 2,87 mo Nombre de fichiers : 2 tome 1 : Les pays lointains Ayant quitté un Londres sinistre et après une traversée difficile avec Mrs. Escridge, sa mère ruinée, à seize ans, Elizabeth arrive à Dimwood, riche plantation … Nous avons fait l’amour plusieurs fois récemment et avec beaucoup d’ardeur" (p. 205, p. 209). Et puis, tout à coup, à la sortie de la pissotière du Trocadéro, où il a assouvi son désir, il écrit : "Tout cela est triste. Dès ce premier tome du Journal intégral (les tomes à paraître semblent plus explicites encore sur le sujet, nous dit-on), Julien Green a deviné l’attirance singulière de Maritain pour les écrivains homosexuels de son époque. Mais Julien Green va plus loin, au-delà de ce que la morale et la loi approuvent, hier comme aujourd’hui. On le peint magnifique dans sa nature "virginale" et "pure" et il éclate de rire face à ceux qui le croient chaste : "Impression d’autant plus étrange que je suis plus lubrique qu’un autre. L’hypocrisie est inscrite dans les gênes du catholicisme et le pape François, lui-même, qui connaît bien son troupeau et la haute densité homosexuelle au Vatican, a dénoncé mieux que personne cette "schizophrénie" et les "sept maladies de la curie". Mais dans cette succession inimaginable de confessions et de fellations, on comprend bien que chez Green le plaisir de l’annulingus l’emporte sur la passion du Christ. Au moment où vient de paraître Le Grand Large du soir, 1997-1998, ultime volume du Journal, en passe de remporter un joli succès de librairie (voir encadré), nous avons tenté de reconstituer la saga de sa publication. Et quel nom ce Rasis ! Me connecter. Avec l'abaissement de la majorité civique à 18 ans en 1974, Valéry Giscard d'Estaing réduit la majorité homosexuelle à 18 ans, mais celle concernant les hétérosexuels reste fixée à 15 ans – ce qui maintient de fait une inégalité. On connaît la distinction subtile entre l’ "homosexualité noire" et l’ "homosexualité blanche" du penseur gauchiste et quelque peu mystique des années 1970, Guy Hocquenghem : il oppose une sexualité risquée et hors norme (les pissotières, les parcs, les lieux non commerciaux) à une sexualité déjà normée et bourgeoise (celle des bars et des saunas "marchands"). Nous sommes enclins à le croire. Achat immédiat. ». Tout est à l’avenant, ad nauseam. Les éditeurs du livre estiment que plus de la moitié du Journal a été ainsi rajoutée, c’est dire l’importance de l’œuvre censurée. Dans le journal, il nous livre le témoignage brut de son combat contre le démon Sexe. En revanche, les pages qu’il signe sur la correspondance de Flaubert sont plutôt réussies (il s’agissait également pour Gide d’une "bible"), même si Green nous surprend en écrivant : "La liaison [de Flaubert] avec Louise Colet, toute traversée d’orages, me fait bénir le sort qui m’a fait pédéraste" (p. 217). Julien Green ne nous livre-t-il pas ici, consciemment ou non, le secret de sa propre esthétique et du risque qu’elle lui fait courir dans la modernité, celui d’être mal ... 6 Journal, tome IV, 10 mai 1934, p. 309. L’écrivain esthète qui n’a jamais eu de sens politique, dérape à de multiples reprises. (Dans la conclusion de Jeunes années, Green affirme que sa relation avec Robert de Saint-Jean était platonique et chaste.). Deux ouvrages en particulier témoignent de cet amour : Villes (Journal de voyage 1920-1994) (1985) et Journal du Voyageur (1990). C’est une œuvre de petit calibre. Pas assez de férocité" (p. 69). C’est un fait, et ici un point capital : le réseau Maritain, au fur et à mesure du Journal intégral, s’homosexualise dangereusement ! Julien Green, Journal Intégral, tome 1, 1919–1940. C’est un détail, mais le journal nous apprend aussi la position décisive de Gide sur le catholicisme de Rimbaud, sujet de polémique majeur à l’époque, et depuis dans l’histoire littéraire, notamment du fait de la bataille nouée sur ce thème entre Paul Claudel et les surréalistes, Aragon et Breton en tête. Il a compris que la statue de Julien Green allait être déboulonnée des sacristies. Mais Julien Green, nourri par ses obsessions bibliques, drague surtout dans la rue : le voici en 1931 place du Trocadéro courant derrière un jeune garçon qu’il aimerait séduire (p. 219). C’est intéressant mais le Journal intégral atteint ici sa limite. C’était la thèse prémonitoire, il y a plusieurs décennies de Rinaldi, ce qui lui avait presque valu une excommunication. "Julien Green avait indiqué son opposition à toute publication [du journal] dans son intégralité avant qu’un délai de cinquante ans ne fût passé depuis les évènements relatés". 8 Julien Green, Journal. Plus tard, il "oute" clairement Mauriac au sujet d’un livre explicite : "Mauriac l’a lu et ne l’aime guère, mais qu’il l’ait lu, cela est certain, car il y a là-dedans une histoire de garçons qui l’a fait renifler de plaisir bien qu’il feint devant nous d’être un peu choqué" (p. 516). Une géographie subtile enfin dévoilée qui est essentielle pour comprendre la question gay dans les années 1920 et 1930 – ce qui restera un apport essentiel de ce livre. Il ne reprendra qu’en 1946, après la défaite de l’Axe : Green sera désormais gaulliste et de retour en France. L’écrivain a régulièrement recours aux services de prostitués. Mais toutes ces éditions avaient été "auto-censurées" par l’auteur ; et l’ont été depuis par son exécuteur testamentaire. Julien Green, né Julian Hartridge Green (6 septembre 1900 à Paris 17 e – 13 août 1998 à Paris 7 e) [1], est un écrivain américain de langue française, le premier étranger membre de l'Académie française et l'un des rares auteurs à avoir été publié dans la collection de la Pléiade de son vivant [2].Il est considéré comme un des écrivains majeurs du XX e siècle. Les trois autres tomes à paraître, à partir de 2021, de ce Journal intégral s’ouvrent. Je pense que l’œuvre de Green peut connaître aujourd’hui une nouvelle jeunesse, fort inattendue. Le Journal de Julien Green, tenu avec plus ou moins de régularité par l’écrivain de 1919 à 1998, n’est pas nouveau : il a déjà été publié, et ce dès 1938 par Plon, et souvent réédité depuis (par Fayard, le Seuil, Flammarion et même en Pléiade). Journal 1946-1950 : Le revenant de Julien Green Le désir est la source impure d'où l'on tire parfois des romans sombres et poétiques, et si l'on essaie de purifier la source, plus de romans. Il déserte ! Je m'appelle François Mauriac". Derrière la rassurante façade d’une langue classique, l’œuvre de Julien Green (1900-1998) déroute et retient le lecteur par son étrangeté à notre monde. A propos des écrivains catholiques comme Maritain, Gide lance à Green cette phrase, que ce dernier rapporte dans son journal : "Tous les moyens leur sont bons pour vous attirer à eux. Julien Green : Journal Tome 2 ( 1949 - 1966 ) - Julien Green / Littérature étrangère. En 1935, à l’occasion de la publication d’une pétition pro-fasciste, Green choisit son camp : il critique les écrivains qui basculent à l’extrême droite, dont Drieu La Rochelle et Gabriel Marcel, et se place du côté de Mauriac et Gide. Et comme je protestais, il a ajouté : 'J’en ai tant vu flancher'. Le grand absent de ce premier tome, c’est la religion. Une relation amicale forte existe déjà entre Green et Maritain depuis 1926, laquelle s’élargira après guerre, donnant lieu à l’une des correspondances les plus intéressantes du siècle, qui persistera jusqu’en 1972 : elle a été publiée sous le titre Une Grande amitié (Plon). Comme le héros tragique, il met en marche le processus qui va le mener à sa perte. Et comme bien des écrivains homosexuels de leur époque, ils rêvent tous les deux de l’Orient : Ah ce coolie ! (Mais son Journal) continuait d’avoir ce charme des débats théologiques d’un autre âge (…) et la grâce toute ecclésiastique et les doux ronflements d’harmonium couvrant le zip des blue-jeans et les craquements du lit." Bien sûr, l’œuvre de Julien Green ne résiste pas forcément à l’épreuve du temps. Dans la dernière année de ce premier tome, 1940, Julien Green dresse un portrait sévère et lucide du maréchal Pétain ("sénile", "homme néfaste à l’ambition sénile") avant de quitter la France avec son amant Robert de Saint-Jean. 2 PRÉSENTATION En juillet 1998, il y a maintenant dix ans, Julien Green nous quittait à l’approche de son centenaire. [Disclaimer : par souci de transparence, je précise ici que Jean-Luc Barré, biographe de référence de Jacques Maritain et de François Mauriac, et éditeur du Journal Intégral de Julien Green est également l'éditeur de mon dernier livre, Sodoma, Enquête au coeur du Vatican, chez Robert Laffont. Il fut pourtant l’un des auteurs catholiques emblématiques des années 1920 aux années 1970 et un académicien entré célèbre de son vivant dans La Pléiade. La masturbation, qui l’obsède et qu’il pratique en se rongeant le frein, se traduit chez lui en crises morales insurmontables : "hontes des rechutes, serments, vœux, torture de conscience" (p. 293). Il nous dit, en des phrases particulièrement vulgaires, s’être beaucoup masturbé en pensant à "ce petit sauvage si coquet" de Lifar (p. 396, p. 502). Maritain devient presque entièrement suspect devant tant d’incohérences. Si je le pouvais, j’irais avec Robert en Allemagne. Le contexte de ces effusions affectives est, bien sûr, celui de la conversion, et d’imposer à ces jeunes homosexuels la chasteté. Par un premier jugement rendu le 26 mai 1999, Fayard perd ses droits sur l'oeuvre de Green, et est condamné à 100 000 francs de dommages et intérêts. L ’inat­tendu libertin. Je ne le crois pas. Une relation de confiance s'était installée entre eux. Green se met à défendre Léon Blum (même s’il ne parle presque pas du Front populaire). Bétourné rencontre fréquemment l'écrivain chez lui rue Vaneau, et observe sa manière de travailler ce fameux Journal. C’est une évolution significative et qui confirme l’emploi récent de ce mot dont l’invention ne date que de la fin du XIXème siècle. Pourquoi Maritain s’attache-t-il aussi éperdument à ces jeunes hommes, et aux plus beaux en particulier ? Et bientôt, il trouve une excuse à son vice : "Beaucoup de désirs ces jours-ci, beaucoup trop pour la tranquillité de ma vie, mais qu’une vie sans désordre est peu intéressante !" Rimbaud est de gauche, explicitement gay, anti-clérical et pauvre – tout le contraire de Green. Ont-ils été complices de ce secret ? Celui qui chante la chasteté est souvent le moins chaste. Il s’attache surtout à la bataille Gide-Mauriac qui a lieu d’abord et avant tout sur la question homosexuelle, une guerre entre "folles", bien sûr, puisque Gide est ouvertement gay et Mauriac encore dans le placard (il faudra attendre la biographise de référence de Jean-Luc Barré pour que l’homosexualité de Mauriac soit définitivement confirmée, avec l’appui d’une partie de la famille de l’écrivain, alors que Jean Lacouture avait encore choisi de la passer sous silence, et même de mentir en connaissance de cause). Il est nouvellement initié aux joies de la pédérastie et son zèle ne semble connaître aucune limite" (p. 543-544). C’est avec Pétain, sous Vichy, en 1942, que la majorité homosexuelle est différenciée, passant à 21 ans, alors qu’elle reste fixée à 13 ans pour les hétérosexuels. Je retrouverais une sorte d’équilibre" (p. 548). Le Grand Large du soir : Journal 1997-1998 Julien Green. Le Journal De Julien Green Par Robert De Saint Jean. (p. 117). Sont également "outés" l’académicien Jacques de Lacretelle (ce dernier, qui fut son amant, procure même à Green des prostitués en 1928) ainsi que le directeur de la NRF, Jacques Rivière : Green se moque du fait qu’il ait épousé une femme par arrivisme alors qu’il était, écrit-il, "pédéraste" (p. 318, p. 505). Ah ce conducteur de rickshaw ! Ces délits sexuels ne passent pas forcément inaperçus, même à l’époque. Le lecteur d’aujourd’hui trouvera plutôt scandaleux que Green ne condamne pas Gide pour de tels actes et seulement pour s’être laissé prendre… Certains diront que de telles pratiques étaient communes à l’époque ; elles apparaissent en tout cas très graves pour le lecteur d’aujourd’hui et risquent de discréditer pour longtemps ces deux défenseurs et pratiquants de la pédophilie : André Gide et Julien Green. Bientôt, il rencontre Adolf, un jeune garçon allemand, et il nous raconte par le menu ses parties carrées avec lui (p. 285). 196 x 127 mm. LE JOURNAL que Green a tenu dès 1919, puis « presque tous les soirs » de 1926 à sa mort en 1998, est l'un des monuments littéraires du XXe siècle, une oeuvre exceptionnelle à plus d'un titre. Green est plus sévère encore avec Raïssa à propos de laquelle il écrit : "Vu les Maritain, Raïssa est une fanatique. Celui qui restera toute sa vie de nationalité américaine, refusant de devenir français – alors qu’il est pourtant né à Paris de parents américains – dit avoir "l’amour" et même "la religion" du "Sud". En 1932, Green regrette que la prostitution masculine ne soit pas aussi bien tolérée que celle avec les femmes, sinon, écrit-il, "je mangerais à ma faim" (p. 451). Il n’entend rien à la peinture, pas plus qu’à la musique, à la littérature, à l’amour, au cœur, à la religion. Journal 1946-1950, Tome 5 Julien Green . Dès qu’on essaie de le fixer, ce n’est plus du tout ça". Reliure signée E & A Maylander. Que penser, en conclusion, de cette version "intégrale" du Journal ? Green moque également la pente "apocalyptique" de Maritain : "Il me parle de l’abîme qu’il y a dans mes livres, de leur inspiration, et cela avec douceur, un air penché de jeune fille.