"Lénine ne fut pas le démiurge du processus révolutionnaire, il s'inséra seulement dans la chaîne des forces historiques objectives. Un nouveau malaise, le 21, provoque une paraphasie qui dure plusieurs jours. En 1918, l'armée allemande à l'Est commence à battre en retraite vers l'Ouest. Lénine ne parvient cependant pas encore à obtenir l'abandon du vocable « social-démocrate », qu'il juge désormais synonyme de trahison, et son remplacement par « communiste ». Lénine et Kroupskaïa sont hébergés à Saint-Pétersbourg par des sympathisants, dans une succession de refuges. Mais qu'est-ce qui a pu provoquer pareils dégâts chez un homme d'une petite cinquantaine d'années, doté qui plus est d'une bonne hygiène de vie ? Mencheviks et bundistes, qui lui reprochent ses échecs en Russie et son manque de scrupules, refusent de lui céder la direction du Parti. L'historien Nicholas Riasanovsky juge qu'en faisant adopter la NEP, Lénine a fait preuve de qualités d'« homme d'État réaliste », en dépit de la considérable opposition doctrinale qu'il a dû affronter au sein du Parti[250]. Lénine vise aussi à trancher la question des compétences du Parti et de l'État et envisage de replacer le Parti au centre du système politique. Cette option est un temps compromise par l'échec de la Conférence démocratique, mais Kamenev compte sur une prise du pouvoir par le biais d'un vote du Congrès des Soviets, qui se traduirait très probablement par un gouvernement de coalition socialiste, dont il pourrait apparaître comme une figure dominante[165]. Mais la santé de Lénine se dégrade à nouveau et l'empêche de prendre des mesures concrètes ; entre le 24 novembre et le 3 décembre 1922, il est victime de plusieurs malaises. Les bolcheviks décrètent la division de la paysannerie russe, selon un schéma marxiste simpliste, entre koulaks (paysans riches), paysans moyens et paysans pauvres[190] ; les réquisitions, opérées de manière totalement inadaptée, touchent l'ensemble de la masse des populations paysannes, exacerbant les tensions et provoquant des soulèvements. Ce fut de ce pronostic que naquit la Troisième Internationale en mars 1919. Conformément aux craintes de Lénine, les Empires centraux relancent alors l'offensive : Lénine propose de demander une paix immédiate, mais son option est rejetée à une voix de majorité par le Comité central. La continuité politique entre Lénine et Staline fait l'objet de débats ; certains auteurs ont souligné que la philosophie politique et la pratique du pouvoir de Lénine contiendraient des éléments clés de la dictature au sens moderne du terme[2], voire du totalitarisme[3],[4],[5] quand d'autres soutiennent l'idée d'une rupture entre les pratiques des deux dirigeants[6],[7],[8]. Lénine … Anne Applebaum souligne quant à elle l'existence, aux côtés des camps de « rééducation », d'autres camps au régime « spécial » nettement plus dur, et gérés par les services de sécurité - la Tchéka, puis son successeur le Guépéou - dans des conditions parfaitement arbitraires ; les deux systèmes de camps finissent plus tard par fusionner, le second prenant le pas sur le premier[211]. Lénine et Trotski, en position de force, imposent 21 conditions d'admission à l'Internationale communiste, destinées à renforcer l'unité de doctrine des partis communistes et qui font de la Russie soviétique l'autorité unique de l'organisation[224],[227] : les partis communistes sont tous tenus d'adopter comme mode de fonctionnement interne le centralisme démocratique, défini comme une « discipline de fer confinant à la discipline militaire » et une organisation très hiérarchisée où la direction du parti jouit de larges pouvoirs ; toutes les décisions des Congrès et du Comité exécutif de l'Internationale communiste sont « obligatoires » pour eux[230]. Bogdanov et Krassine exigent au contraire des députés sociaux-démocrates qu'ils démissionnent une fois élus[91],[90]. Il fait notamment approuver son mot d'ordre de participation à la Douma et aux autres organisations légales en Russie[104],[107],[108]. À l'été 1893, la famille Oulianov déménage à Moscou. Sur la foi de témoignages d'évadés, les conditions qui y régnaient étaient exposées dans tous les détails. Elle continue cependant d'attribuer au seul Staline la responsabilité de la nature proprement totalitaire du régime[336] : pour elle, les « phases totalitaires » du régime soviétique, par opposition aux « phases autoritaires », correspondent à la grande terreur stalinienne et à la période 1950-1953. En février 1916, il doit quitter son domicile de Berne et doit louer un nouveau logement à Zurich, dans des conditions de confort très médiocres. La liaison entre Lénine et Inessa Armand semble avoir pris fin vers 1914[réf. Hélène Carrère d'Encausse insiste sur le caractère exceptionnel de Lénine, « prodigieux tacticien » et « génie politique », « inventeur des moyens de transformer une utopie en État », bien que théoricien finalement « fort moyen » ; elle rappelle cependant la contradiction entre « un discours dont le thème dominant est le bien de l'humanité et une pratique fondée sur le malheur des hommes, pour lequel Lénine n'eut jamais un mot de pitié, et encore moins de remords » et juge que le succès de l'entreprise révolutionnaire de Lénine « ne justifie rien des tragédies inhérentes à l'entreprise léniniste »[310]. La doctrine de Lénine est d’une importance extrême dans la lutte du peuple coréen pour sa libération nationale. Alors qu'il connaît de relatives difficultés matérielles, sa vie privée est également affectée par des décès successifs : la mère de Nadejda Kroupskaïa, qui contribuait beaucoup à l'organisation de la vie domestique du couple, meurt en mars 1915 ; sa propre mère, Maria Oulianova, meurt en juillet 1916[121],[122]. S'agissant plus spécifiquement de la question juive, il dénonce l'oppression que subissent les Juifs en Russie, mais il ne croit pas à l'existence d'une « culture nationale juive » qui reviendrait à considérer que les Juifs constituent une nation et exalte au contraire les « traits universellement progressistes de la culture juive ». Après l'élection de Vladimir Poutine en 2000, la figure de Lénine fait l'objet en Russie d'une certaine réhabilitation, ce qui lui vaut d'être présenté avant tout comme un grand homme d'État, fondateur de l'URSS - future superpuissance - et, par là-même, artisan de la modernisation de la Russie. Lors du XIIe congrès, qui se déroule en avril 1923, Trotski annonce être en possession des notes de Lénine sur la question nationale, mais Staline retourne la situation en l'accusant de dissimuler des documents au Parti, ce qui ruine l'effort de Lénine pour être présent par l'intermédiaire de Trotski. Plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de rebelles de Kronstadt faits prisonniers sont exécutés sans jugement ou envoyés en camp de concentration. Deux ans plus tard, reprenant le combat contre Staline, Trotski mentionne à nouveau le testament dont il avait nié l'existence, et réclame en vain qu'il soit rendu public[299]. Il effectue là sa dernière sortie. Si le début de la Perestroïka et de la Glasnost s'était accompagné d'une redécouverte du passé stalinien, les années 1990-1991 voient une remise en cause, en URSS, de la figure historique de Lénine. Malgré la victoire militaire des bolcheviks en Russie et la consolidation du régime, l'état du pays demeure désastreux. Après l'échec du soulèvement des S-R de gauche et l'arrestation des dirigeants KD, les autres partis politiques sont progressivement éliminés, les communistes s'assurant le monopole du pouvoir. Entretemps, la révolution s'éteint en Russie. Le lendemain, il fait porter à Trotski ses notes sur le dossier géorgien, et le charge d'aborder cette question en son nom devant le Comité central ; il envoie également aux Géorgiens une note dans laquelle il leur annonce son soutien. Lénine avait exprimé en 1911 sa volonté de « couper la tête à au moins Cent Romanov » en référence aux Cent-Noirs et à la condamnation à mort par décapitation de Charles 1er[197] ; cet avis est finalement suivi d'effet dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, quand Nicolas II, son épouse et leurs enfants sont massacrés par un détachement de la Tchéka. ». L'opération se passe bien mais, le 25 mai, Lénine est victime d'un accident vasculaire cérébral. En janvier 1910, le comité central se réunit à Paris : Lénine tente d'obtenir la réunification, sous sa direction, des diverses tendances. Staline cherche ensuite par les mêmes procédés à augmenter son prestige en s'associant à la personne de Lénine : voir par exemple, « Le culte de Lénine. Lénine fait venir sa secrétaire Lidia Fotieva et entreprend de lui dicter des lettres pour faire connaître ses positions à différentes personnalités bolcheviques, dont Trotski. En compagnie d'autres camarades exilés, Oulianov voyage en train à travers la Sibérie, sans savoir quel sera son lieu définitif de relégation. Le 19 mai 1922, il demande à Félix Dzerjinski de faire dresser par la Tchéka une liste d'intellectuels soupçonnés de sympathies « contre-révolutionnaires », en vue de les expulser de Russie[267]. En novembre 1907, après avoir été prévenu de la présence de policiers, Lénine quitte sa datcha finlandaise ; le mois suivant, il passe en Suède, d'où il rejoint l'Allemagne, puis la Suisse, à Genève[14]. En Allemagne, une prise du pouvoir par les révolutionnaires procurerait à la Russie un allié de premier ordre : les dirigeants spartakistes, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, n'ont guère de proximité politique avec Lénine, mais apparaissent comme les seuls alliés possibles. Les deux hommes s'opposent vivement au cours du congrès, Trotski soutenant pour sa part Martov. En ce qui concerne la vie intérieure du Parti communiste, Lénine est choqué, lorsqu'il reprend le travail à l'automne, par l'étendue des rivalités personnelles entre dirigeants bolcheviks et par la prolifération des organes administratifs inutiles. Dans l'après-midi, Lénine, toujours glabre et méconnaissable[168], fait sa première apparition publique depuis plusieurs mois lors de la session du Soviet de Petrograd, durant laquelle il proclame que « la révolution des ouvriers et des paysans » est désormais réalisée. Lénine fait voter en juin 1918[189] la constitution de « Comités des paysans pauvres » (Kombedy), qui sont envoyés dans les campagnes et opérer les réquisitions des surplus agricoles : face aux problèmes de recrutement, ces Kombedy sont souvent formés non de paysans locaux, mais d'ouvriers au chômage et d'agitateur du Parti. Après l'effondrement du régime tsariste au début de l'année 1917, celui qui se fait désormais appeler Lénine, décide de rentrer au pays pour prendre une part active à la révolution en marche. Si le rôle fondamental de Lénine dans l'histoire du XXe siècle n'est généralement pas contesté, d'autres points sont plus polémiques ; la question de la continuité entre le léninisme et le stalinisme a notamment fait l'objet d'interprétations contrastées, certains auteurs arguant d'une rupture entre l'époque léniniste et l'époque stalinienne, d'autres considérant Staline comme un digne héritier de Lénine, qui aurait pleinement profité de l'appareil répressif mis en place par Lénine, tout en élevant les pratiques dictatoriales à un niveau supérieur[291]. Plekhanov et Oulianov sont en désaccord quant à l'opportunité de s'allier avec les libéraux contre l'autocratie — une idée rejetée par Oulianov — mais projettent de publier ensemble une revue marxiste en langue russe ; le jeune militant révolutionnaire professe alors pour Plekhanov une grande admiration, qu'il va jusqu'à exprimer en des termes presque « amoureux ». Le mouvement de réformes impulsé par Mikhaïl Gorbatchev se présente d'abord comme un retour aux sources de la pensée léniniste, mais la réévaluation de l'histoire soviétique, l'ouverture des archives historiques dans le cadre de la Glasnost aboutissent à une relecture de plus en plus critique du rôle de Lénine lui-même, dont l'image se dégrade aux plans idéologique et personnel. La rupture est consommée entre les deux amis : Martov se montre inquiet devant la violence verbale et l'autoritarisme de Lénine, chez qui il ne perçoit plus que la « passion du pouvoir » ; Lénine, de son côté, se juge trahi. Ils sont cependant rapidement réintégrés, et la question de la coalition oubliée, Lénine ayant réussi à imposer ses vues[172] et à affirmer son autorité personnelle sur le Parti[173]. Au lycée, il a comme proviseur Feodor Kerenski, père de son futur adversaire politique Aleksandr Kerenski[25]. Au sein du mouvement communiste, la NEP ne va pas sans susciter des oppositions - plusieurs milliers de militants quittent le Parti - ce qui pousse Lénine à faire adopter une résolution interdisant toutes les fractions au sein du Parti communiste russe. L’histoire réelle, faite de conflits, de luttes, d’incertitudes, de victoires et de défaites est irréductible à cette sombre légende de l’auto-développement du concept, où l’idée engendrerait le monde. Plusieurs semaines sont nécessaires pour briser la réticence de la bureaucratie, progressivement mise au pas via l'arrestation des meneurs de la grève et la nomination de commissaires politiques pour superviser les fonctionnaires ; les hauts fonctionnaires récalcitrants sont remplacés par des militants bolcheviks, ou par des fonctionnaires subalternes sympathisants de la révolution et promus pour l'occasion. Deux ans plus tard, le gouvernement soviétique demande au neuroscientifique Oskar Vogt de l’étudier, dans l'espoir que ses travaux permettent de découvrir la source du « génie » de Lénine ; un Institut du cerveau est créé spécialement à Moscou pour permettre à Vogt de poursuivre ses recherches. Lénine déclare à cette occasion : « Nous, les vieux, nous ne verrons peut-être pas les luttes décisives de la révolution imminente »[136]. Les scientifiques tendent aujourd'hui à considérer que le cerveau de Lénine était tout à fait normal et ne se distinguait que par la taille du lobe frontal[302],[303]. Le secret de sa cachette ayant été éventé, Lénine se réfugie en Finlande, aidé par Staline, qui le dissimule et l’escorte jusqu’à ce qu’il soit mis en sécurité[113]. Dans la nuit du 22 au 23 décembre, l'état de Lénine s'aggrave à nouveau. Les différentes puissances européennes appuient en effet les indépendances locales, afin notamment de se protéger de la « contagion bolchévique » en constituant un « glacis » territorial aux frontières de la Russie. Contrairement à Staline, Lénine, comme les saints, n'était jamais représenté en train de rire. Fin septembre, Lénine reçoit de ses médecins l'autorisation de reprendre ses fonctions. Alors que se déclenche la crise de la Première Guerre mondiale, Lénine ne réalise tout d'abord pas la gravité de la situation internationale[118] mais, dès le mois de juillet 1914, il juge que la guerre qui s'annonce pourra amener la révolution en Russie[119]. Lénine est veillé par sa sœur Maria et par son épouse Nadejda Kroupskaïa ; cette dernière, notamment, le tient au courant des derniers évènements et transmet ses messages à différents dirigeants. À cette occasion, il essaie en vain de persuader Gorki de prendre ses distances avec la ligne de Bogdanov et de Lounatcharski. Avant son départ de Londres, il rencontre pour la première fois Léon Bronstein, dit « Trotski », jeune révolutionnaire russe évadé de son exil, qui ambitionne alors de rejoindre la rédaction du journal. Le texte pose, sans y apporter de réponse, la question de l'organisation du nouvel État, dont on ne sait encore s'il doit être centralisé ou fédéral. Cette réforme, que Lénine parvient à imposer grâce à la situation d'urgence que vit la Russie, prend le contre-pied du communisme de guerre : elle se traduit par la libéralisation du commerce extérieur et l'autorisation de créer de petites entreprises privées. Deux balles atteignent Lénine : l'une à la poitrine, l'autre à l'épaule ; il est emmené à son appartement privé au Kremlin et refuse de s’aventurer à l'hôpital, craignant que d'autres assassins ne l'y attendent. Leur mère obtient finalement que Dmitri et Maria soient réunis à Podolsk, dans une maison louée par la famille[54]. De retour chez lui, il parfait son éducation politique en lisant Karl Marx et Nikolaï Tchernychevsky dont en particulier Que faire ? Le 11 mars 1990, le jour même où le rôle dirigeant du PCUS est aboli, l'historien et député réformateur Iouri Afanassiev, lors d'une intervention retransmise en direct à la télévision soviétique, critique Lénine en lui reprochant d'avoir « élevé la violence, la terreur de masse en principe d'État » et « l'illégalité en principe politique de l'État »[311]. Par ailleurs, les congrès des bolcheviks espèrent encore réaliser l'unité avec les mencheviks. Kroupskaïa se rend régulièrement dans la capitale pour assurer les liaisons. Les espoirs de Lénine sont cependant déçus dès août 1920, quand l'armée polonaise renverse la situation militaire et repousse les troupes soviétiques[227]. Inquiet des risques de restauration du capitalisme ou du tsarisme, Lénine compare l'exécution de Nicolas II à celles de Louis XVI et Charles Ier, qui n'avaient pas empêché « après un certain temps la restauration de l'Ancien Régime ». Même si le terme « totalitarisme » est apparu en 1923-1924 grâce à un journaliste italien, Giovanni Amendola, c’est bien Lénine qui met en pratique les caractéristiques du régime. La guerre soviéto-polonaise débute mal pour les Polonais qui, sous-estimant l'Armée rouge, sont repoussés ; les forces soviétiques avancent dès lors vers Varsovie[227]. Les socialistes révolutionnaires de gauche, hostiles au traité, cessent également toute coopération avec les bolcheviks[185],[186],[187]. Dès les premiers temps du régime soviétique, les méthodes dictatoriales employées par Lénine font l'objet de vives critiques dans les rangs socialistes, et sont l'une des principales causes de la rupture entre le socialisme démocratique et le communisme. Je voudrais bien voir maintenant le tribunal populaire, le tribunal ouvrier-paysan, qui ne fusillerait pas Krasnov comme celui-ci fusille les ouvriers et les paysans […] Non le révolutionnaire qui ne veut pas être un hypocrite ne peut pas renoncer à la peine de mort. La politique du communisme de guerre, si elle a contribué à sauver le pouvoir soviétique, a également abouti à ruiner l'économie du pays[240], qui subit une terrible régression : la production industrielle s'effondre et la politique des réquisitions impose à la paysannerie une ponction insupportable. La conversion à l'orthodoxie permet à Alexandre Blank, père de Maria, d'accéder aussi bien à la faculté de médecine qu'à la haute administration. Découvrez son parcours, de sa jeunesse à sa mort en passant par sa relation avec Staline et Trotski ! Hélène Carrère d'Encausse, tout en qualifiant l'étude de Moshe Lewin de « stimulante », se montre moins convaincue et souligne que les solutions proposées par Lénine pour combattre la bureaucratie s'avèrent elles-mêmes très bureaucratiques et que, si Lénine a indéniablement pris davantage en compte le facteur humain - voire découvert l'« humanisme » - il n'en est pas moins resté attaché à sa conception du rôle dirigeant du Parti ; pour elle, Lénine n'a en définitive « guère changé » au seuil de la mort[274],[278]. L'idéologie communiste de Lénine tend, a contrario, à être occultée[318]. Bogdanov, rentré en Russie, s'emploie à y organiser les groupes bolcheviks subordonnés au comité. Il lui arrive de concéder avoir fait une erreur mais ce n'est pas un homme de doute ou d'hésitations : il a une vision du monde structurée, depuis les années 1900, par quelques certitudes inébranlables. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d'une carte jaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens nuisibles jusqu'à ce qu'ils soient corrigés. Le lendemain, Lénine se rend au Palais de Tauride, devenu le siège du Gouvernement provisoire et du Soviet de Petrograd : devant une assemblée de sociaux-démocrates interloqués, il plaide pour la prise de contrôle des soviets et la transformation de la guerre en guerre civile, dans l'optique d'une révolution mondiale. La première question que vous devez lui poser c'est à quelle classe il appartient, quelles sont son origine, son éducation, son instruction, sa profession. La famille a probablement des racines dans la région de Nijni Novgorod. La proximité de Lénine avec Karl Radek, adversaire de Rosa Luxemburg au sein du mouvement socialiste polonais, contribue également à dresser cette dernière contre lui. Durant la dictature du prolétariat, qui aidera à consolider la révolution — Lénine ne précise pas la durée de cette phase — l'État subsistera sous la forme d'un « État prolétarien ». L'origine ethnique de la grand-mère paternelle de Lénine est incertaine. Quand même, pour sa large part, il en est responsable[308] ». Toutes les armées beligérantes en sont responsables : 39,9 % des pogroms perpétrés pendant la guerre civile ont été commis par les nationalistes ukrainiens de Symon Petlioura, 31,7 % par les armées vertes et les bandes cosaques, 17,2 % par les troupes de Denikine, 2,6 % par l’armée polonaise, et 8,6 % par l'armée rouge[202]. Il fréquente des membres de Narodnaïa Volia et s'emploie à étudier l'histoire de l'économie russe et à parfaire sa connaissance des textes marxistes. Si les Oulianov étaient considérés comme ethniquement russes, Nijni Novgorod connaissait un important brassage de populations et il est probable que la famille ait eu des racines tchouvaches ou mordves. Selon Nicolas Werth, l'utilisation de la terreur, de la violence et des mesures dictatoriales pour assurer le triomphe de la révolution, tient une place primordiale dans la pensée de Lénine[94]. La spoliation dont ils font l'objet amène les paysans à réduire dramatiquement leur production, parfois à soutenir les ennemis des « rouges », armées blanches ou « vertes ». Il entend ainsi assurer une transition de la Russie vers le socialisme, l'économie du pays étant à ses yeux insuffisamment développée pour passer directement à ce stade. Lénine devient celui qui a tout dit, celui qui a fait l’éloge de l’insurrection, mais Lénine est aussi celui qui a écrit Le gauchisme maladie infantile : une mine d’or de maximes et de contre-maximes à l’intérieur de laquelle la théorie devient l’aptitude philologique à opérer des raccourcis à partir d’une paire de citations opportunes1. Il bénéficie à titre personnel, pour vivre et publier, de diverses aides financières. Ses nerfs sont rudement éprouvés et il sombre un temps dans un état dépressif. De Lénine, son ancien ami Martov a dit : « À ses yeux, ni la paix, ni la guerre n’ont d’intérêt réel. C'est là qu'il rencontre Maria Alexandrovna Blank, qu'il épouse en août 1863. - ℹ - Biographie : Homme politique et théoricien révolutionnaire russe (1870-1924) qui fut le fondateur de l'Union soviétique dont il … Il ne manifeste pas immédiatement d'intérêt marqué pour la politique, mais se trouve bientôt entraîné par l'atmosphère agitée du milieu universitaire. 20 citations les plus célèbres de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine issues de livres - paroles - discours et entretiens. En savoir plus sur notre politique de confidentialité. En novembre 1918, Lénine ordonne à l'Armée rouge d'avancer vers l'Ouest, en occupant les territoires que quittent les Allemands. Il s'oppose également au projet de différents dirigeants communistes, dont Staline, d'affaiblir ou de supprimer, dans le cadre de la NEP, le monopole de l'État sur le commerce extérieur[264],[270]. L'étude des œuvres de Marx et Engels le convainc que l'avenir de la Russie réside dans l'industrialisation et l'urbanisation. Voilà cinq ans que nous nous évertuons à perfectionner notre appareil d'Etat. L'hypothèse selon laquelle Lénine serait mort de la syphilis a été invalidée à l'époque par un test, mais reprise ensuite par ses adversaires politiques en vue d'insinuer que le dirigeant soviétique menait une vie dissolue[286]. L'historien et politiste Dominique Colas qui remet en cause la chronologie des derniers écrits de Lénine considère qu'il n'y avait pas de volonté de Lénine de s'allier à Trotski contre Staline et qu'en tout état de cause tous les dirigeants communistes étaient d'accord pour maintenir la position hégémonique du parti[281]. Vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification de vos données personnelles, ainsi que celui d'en demander l'effacement dans les limites prévues par la loi. Le 5 décembre, le Comité militaire révolutionnaire est dissous et remplacé par la Tchéka, nouvel organisme chargé de la sécurité, dirigé par Félix Dzerjinski[182]. Sauvé par le traité de Brest-Litovsk, le régime bolchevik demeure néanmoins confronté à une multitude de graves problèmes. Bien que les idées de Lénine progressent en Europe occidentale, les bolcheviks sont très affaiblis en Russie, où les députés bolcheviks de la Douma et leurs assistants, dont notamment Lev Kamenev, sont arrêtés pour trahison et envoyés en déportation[126],[127]. Dans ce livre, qui restera inachevé du fait de la révolution d'Octobre, Lénine présente de manière schématique le processus historique qu'il déduit de sa lecture des œuvres de Marx et d'Engels, et selon lequel la société passera tout d'abord par la phase « inférieure » de la société communiste, c'est-à-dire celle de la dictature du prolétariat : le renversement du capitalisme par le biais d'une révolution violente aboutira à cette première phrase, dite du « socialisme » ou plus précisément du collectivisme économique, durant laquelle l'État prendra possession des moyens de production. À la fin de 1919, les victoires militaires des bolcheviks et la multiplication des tentatives révolutionnaires à l'étranger donnent à Lénine le sentiment que le moment est venu de « sonder l’Europe avec les baïonnettes de l’Armée rouge[228] » pour étendre la révolution vers l’ouest, par la force. À la fin du mois de juillet, les bolcheviks se réorganisent lors de leur 6e congrès : Staline parle au nom de Lénine — absent car caché en banlieue de la capitale à Razliv — et prône l'affrontement avec le gouvernement provisoire, la « période pacifique » de la révolution étant terminée. Le congrès vote ensuite un texte rédigé par Lénine, qui attribue « tout le pouvoir aux Soviets », donnant à l'insurrection des bolcheviks les apparences de la légitimité[169],[164]. L'Internationale ouvrière, en outre, se montre sévère à l'égard de l'attitude extrémiste des bolcheviks et préfère la position de Plekhanov, théoricien prestigieux, à celle de Lénine, qui apparaît comme un personnage brutal. de ce dernier. Les exactions commises à l'encontre des populations civiles commencent, dans les territoires de la future Union soviétique, sous le gouvernement de Lénine[322],[323], elles sont seulement poursuivies, et non initiées par son successeur, Joseph Staline. Un article de Lénine pour une encyclopédie. Entre 1905 et 1917, Lénine se penche sur les questions nationales et intègre de plus en plus dans sa stratégie la liaison de la lutte révolutionnaire avec les luttes nationales, y compris le statut des nationalités dans l'Empire russe. Ce départ permet aux partisans de Lénine, battus lors du précédent vote, d'être désormais majoritaires au congrès : ils sont désormais désignés sous le nom de « bolcheviks » (majoritaires), tandis que les partisans de Martov sont surnommés les « mencheviks » (minoritaires). Les bolcheviks, qui assimilent la volonté de leur parti à la conscience populaire, sont désormais libres de décider seuls de la forme des institutions futures[184]. À partir des années 1870, les idées marxistes se diffusent largement dans les milieux révolutionnaires russes. Lénine soupçonne dès lors Staline de le priver délibérément d'informations et d'être lui-même à l'origine des consignes de prudence des médecins. Kroupskaïa gère la correspondance de l'Iskra et les deux femmes s'occupent en outre de la maison, ce qui laisse à Oulianov, qui se fait appeler à Munich « Herr Meyer », le temps de se consacrer à l'écriture[65]. Ce lieu où l'on travaillait dans des conditions proches de la normale était considéré comme le meilleur moyen de rééduquer et de réhabiliter », ces conceptions « libérales » n'ayant pris fin que dans les années 1930[210] . Dans sa conclusion, il prône une insurrection armée du peuple entier[72]. Lénine est également aidé par sa femme et la Française Élisabeth Armand, dite Inessa ou Inès Armand, rencontrée à Paris en 1910, qui joue souvent le rôle d'émissaire. Il est cependant difficile d'estimer l'effet immédiat produit par la mort d'Alexandre Oulianov sur les idées de son frère : si Vladimir Oulianov semble avoir éprouvé de l'admiration pour son aîné, ses propres opinions politiques ne paraissent pas avoir été alors très précises[35]. Mais les espoirs de Lénine sont rapidement déçus ; la défaite des Gardes rouges finlandais au cours de la guerre civile de 1918 met fin à l'expérience et la Finlande reste en dehors du champ d'influence de la Russie soviétique[179]. Lénine tente de trouver le moyen de rentrer le plus vite possible en Russie : il pense tout d'abord à demander de l'aide au Royaume-Uni, où vivent nombre de ses amis socialistes, mais les Alliés ne sont guère disposés à lui faciliter les choses, le maintien de la Russie dans la guerre étant essentiel pour eux. Malgré sa victoire apparente lors du congrès, l'autorité de Lénine sur le Parti est moins assurée qu'il n'y parait. Vers 1910-1912, Lénine a une relation sentimentale avec la militante française Inès — dite « Inessa » — Armand, qui collabore étroitement avec lui dans l'organisation du mouvement. Plekhanov, quant à lui, regrette la division du Parti et plaide pour une conciliation avec les mencheviks et le retour à une équipe de rédacteurs de six membres au lieu de trois. Un mois plus tard, elle présente son projet dont le principe, baptisé « autonomisation », implique en réalité l'absorption des autres Républiques soviétiques par la RSFSR, dont le gouvernement deviendrait celui de la fédération.
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